Lorsque Mozart, au sommet de sa puissance créatrice, entreprend la composition de son ultime chef-d’œuvre, la mort l’en arrache, laissant la partition inachevée. Loin de se réduire à un simple chant funèbre, son Requiem apparaît comme la célébration d’une vie traversée par toutes les émotions humaines.
Plus de deux siècles plus tard, Claude Vivier compose son œuvre Crois-tu en l’immortalité de l’âme ? dans laquelle il prophétise de façon bouleversante sa propre disparition. Il y apprivoise l’inéluctable avec une étrange sérénité. Retrouvé assassiné, son œuvre ne sera pas achevée.

À travers ce programme, Aedes interroge la dualité entre tension et repos, souffle et silence, pulsion de vie et suspension du temps. D’autres pièces, traversées par le mystère de la mort, enrichissent cette exploration, invitant à ressentir les mouvements les plus subtils de l’existence.
Arvo Pärt installe une immobilité habitée d’une tension palpable ; Sven-David Sandström prolonge un motet funèbre d’Henry Purcell, laissé en suspens, pour en offrir une version étirée et miroitante. Quant à Gérard Grisey, il scrute le rythme même du temps, jusqu’au seuil du silence. 

Ce parcours musical offre une expérience sensorielle dans laquelle le temps paraît à la fois suspendu et en perpétuel mouvement — un souffle retenu en un éternel instant.