Des Noces de Stravinsky au Boléro de Ravel

Créé au Théâtre National de Chaillot le 23 mars 2021, le spectacle Nijinska I Voilà la femme, présente deux œuvres majeures du répertoire revisitées : Les Noces de Stravinsky et Boléro de Ravel, interprétés par l’ensemble Aedes et cinq instrumentistes des Siècles, sur une recréation chorégraphique de Dominique Brun, à la tête de la compagnie de danse Les Porteurs d’Ombre. 

Et Nijinska créa Les Noces… et Boléro

Afin de ressusciter ce chef-d’œuvre de la culture russe, Dominique Brun a puisé dans les archives des Noces de 1923, date de la première création de l’œuvre par Les Ballets Russes à la Gaîté Lyrique de Paris, ainsi que dans les carnets de la recréation par Nijinska elle-même en 1966. Mais au fait, qui était Nijinska ?

C’est toute l’ambition de Dominique Brun que de projeter la lumière sur cette femme de l’ombre, sœur du célèbre danseur et chorégraphe Nijinski, première et unique femme chorégraphe des Ballets Russes. A travers ses chorégraphies des Noces et du Boléro (dont la première eut lieu à l’Opéra Garnier en 1928), Nijinska « met en avant ce que d’autres femmes revendiquent à la même époque et encore aujourd’hui : la reconnaissance de leur condition ». 

A travers son regard et son geste esthétique, le mariage des Noces, liturgique et païen chez Stravinsky, se transforme en un drame austère et dépouillé, quand Boléro figure une scène charnelle, presque incantatoire : une femme au centre d’une table massive danse, entourée d’hommes subjugués par sa puissance. Cette chorégraphie a inspiré Dominique Brun qui l’a revisitée pour et avec le danseur François Chaignaud, réellement fascinant dans ce personnage de femme incarnée avec une force presque surnaturelle. Le Boléro de Ravel est ici présenté dans une version originale, arrangée pour les cinq instrumentistes et les seize voix du chœur par Robin Melchior.


Une version rare et méconnue des Noces de Stravinsky 

A l’intérieur de cette production magistrale, l’ensemble Aedes tient un rôle central. Sous la direction de Mathieu Romano, le chœur et les instrumentistes des Siècles interprètent Les Noces dans une version inédite de 1919, comptant un harmonium, deux cymbalums, deux percussions et un pianola.

C’est une version très chère à Stravinsky, magnifiquement orchestrée, mais qu’il n’a pas pu achever car à l’époque il s’est heurté à des problèmes techniques qui ont rendu sa mise en place trop compliquée. L’autre moitié de l’œuvre a donc été orchestrée par Theo Verbey en 2009 ; cette version a été créée la même année à Amsterdam.

On considère cette version comme étant la plus proche de l’esprit que Stravinsky voulait donner à ses Noces : une musique tellurique, rituelle, profondément attachée à la culture paysanne. 

C’est une œuvre très difficile mais passionnante ainsi abordée en chœur de chambre. Un vrai défi. Tout mon travail musical était basé sur la prononciation du russe, aidée par la coach en langue Marianne Sytchkov, qui nous a également transmis des connaissances sur les rites et l’histoire russes… c’est essentiel pour comprendre l’œuvre et la transmettre au public. Mathieu Romano

 

Un enregistrement est prévu aux Studios Riffx de La Seine Musicale, Les Noces sortiront en disque sous le label Aparté prochainement.

 

Mardi 25 et mercredi 26 janvier 
Les 2 Scènes, Scène Nationale de Besançon

Samedi 29 janvier 
Arsenal de Metz

Mardi 1er et mercredi 2 février
Le Volcan, Scène Nationale du Havre 

 

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